Elles disposent d’un vocabulaire spécifique qu’il est opportun de comprendre afin d’éviter toutes confusions. Ce vocabulaire n’est pas universellement partagé et les traductions françaises ne permettent pas toujours de dire tout ce que l’anglais souhaiterait signifier.

3 sphères pour comprendre l’impact
1 – Sphère de contrôle
Dans la sphère de contrôle, on trouve les activités, produits et résultats du projet. Le projet agit directement dans cette sphère. En anglais on parle généralement d’inputs, activities et d’outputs.
En termes d’évaluation, cette zone de contrôle est renseignée par les indicateurs de suivi (monitoring) qui permettront d’évaluer l’efficacité et l’efficience du projet. Les données sont directement produites ou collectées et capitalisées par l’équipe projet – et à ce stade, la valeur ajoutée de notre appui est nulle. C’est à la zone suivante, celle de l’influence, que s’intéresse notre démarche.
2 – Sphère d’influence
Les résultats que le projet atteint sont censés produire des changements. Certains auteurs parlent aussi d’effets, d’incidence ou encore d’outcome en anglais. Généralement, les cadres logiques et autres documents de projet font référence à des changements d’état : état de santé, niveau de revenu, degré de sécurité alimentaire, etc. Toutefois, il faut admettre que les changements n’arrivent pas seuls : la fertilité des sols n’évoluera que si les agriculteurs changent leurs pratiques … celles-ci étant elles-mêmes liées à un changement de conception, connaissance et/ou de motivation. Il s’agira donc à ce stade de bien définir les changements que le TAPSA souhaite insuffler, d’abord de comportement chez les parties prenantes puis d’état.
On fait l’hypothèse que l’atteinte de l’impact passera par le changement chez les acteurs de leurs :
- Pratiques ;
- Comportements ;
- Interactions ;
Eux-mêmes induits par des changements de :
- Compétences ;
- Connaissances ;
- Motivations.
Ce sont finalement ces processus de changements qu’un projet cherche à activer.
Par exemple : « Au cours de nos formations (activité), 15 agriculteurs du bord du Fleuve ont participé (résultat).
Ils connaissent désormais les implications d’un abandon des semences fermières (changement de connaissance).
Les échanges ont continué au village et 3 d’entre eux ont substitué les variétés importées par des variétés locales (changement de pratiques auquel le projet a contribué).».
Les approches orientées changement admettent qu’un projet n’a pas le contrôle sur ces acteurs, mais que cela se situe dans sa sphère d’influence. Pour désigner les effets plus ou moins directs du projet, on parlera de changements. Ce terme inclut donc les changements à trois niveaux :
- Compétences, connaissances, motivations des acteurs ;
- Pratiques, comportements, interactions des acteurs ;
- Changements d’état qui adviennent dans le pas de temps du projet
Ce sont ces changements que l’on va tenter de suivre et de comprendre dans le cadre du TAPSA : pour obtenir tel impact, qui doit faire quoi différemment ? C’est une démarche centrée sur les acteurs.
Les processus que l’on souhaite suivre sont complexes et dépendent de multiples facteurs et de divers acteurs. Il est nécessaire de faire des choix raisonnés des changements que l’on va chercher à suivre et à comprendre. Cela se fait également en cohérence avec les moyens à disposition des équipes (temps, moyens financiers, logistiques, compétences).
On cherchera ainsi à faire le suivi des changements parfois appelés changements significatifs, changements clés ou changements majeurs. Ce sont des points de bascule, des points d’inflexion dans les chaines de causalité formalisées dans le chemin d’impact.

3 – Sphère d’intérêt
Ces changements pourront potentiellement avoir des impacts. C’est l’étape ultime de la construction du chemin d’impact, ce qu’on appelle la zone d’intérêt. Les impacts peuvent être de différentes natures :
- Économique : une augmentation des revenus des agriculteurs ;
- Environnementale : une diminution de l’érosion des sols ;
- Sociale : une plus grande autonomie politique des communautés indigènes ;
- etc.
Ces impacts peuvent parfois être mesurés quantitativement ou non. Ils s’inscrivent généralement dans le temps long. Ils sont parfois difficilement visibles dans la durée d’un projet. Certains de ces impacts nécessitent des dispositifs lourds de collecte et de traitement de données pour être évalués.
